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Les Verts l'ont fait : le revenu minimum social garanti, par Damien Carême à Grande Synthe

Rédigé le Jeudi 29 Août 2019 à 10:59 | Lu 123 fois

À Grande Synthe, le Maire écologiste Damien Carême, a mis en place un minimum social garanti destiné aux ménages les plus précaires. Explications dans le journal du dimanche.


Entré en vigueur le 1er mai 2019, 385 foyers en bénéficient

Fin mars, le conseil municipal de Grande-Synthe (Nord) adoptait à l'unanimité le "minimum social garanti" (MSG). L'ancien maire écologiste de la ville, Damien Carême, l'avait annoncé lors de ses vœux en début d'année. Depuis son entrée en vigueur le 1er mai, 385 foyers de la commune en bénéficient. "En trois mois, nous sommes à 25% du nombre de foyers que nous avions identifiés (1.700)", indique celui qui a passé la main après avoir été élu député européen EELV en mai.

Concrètement, de quoi s'agit-il?

Il y a deux ans, j'avais indiqué que ma ville était prête pour expérimenter le revenu de base. Sauf que les choses traînent, qu'il n'y a pas la volonté politique de mettre ce dispositif en place. A Grande-Synthe, 33% des foyers vivent sous le seuil de pauvreté haut (60% du revenu médian) et 17,6% sous le seuil de pauvreté bas (à 50% du revenu médian), donc avec moins de 855 euros par mois. Mon bureau de maire se trouvait juste au-dessus de la salle d'attente du Centre communal d'action sociale (CCAS). Je voyais bien que ces personnes étaient dans une angoisse permanente. L'idée était donc de mettre en place une allocation différentielle pour les amener au-dessus de ce seuil de pauvreté. C'est un dispositif que l'on remet au goût du jour car il avait déjà été créé par mon père en 1981 lorsqu'il était maire, mais qui avait disparu avec l'arrivée du RMI.
 

Qui est concerné par ce dispositif?

Cela concerne plusieurs catégories de population :
  • des allocataires des minimas sociaux ;
  • des retraités, parmi lesquels des femmes veuves qui vivent uniquement avec la pension de réversion de leur mari. Le minimum vieillesse est fixé à 850 euros, mais lorsqu'elle héberge un enfant, elle devrait gagner 1,5 x 855 euros, donc 1.200 euros. On lui verse le différentiel.
  • des travailleurs pauvres qui gagnent le Smic. Avec sa femme et deux enfants, il lui faudrait 2,5 x 855 euros, soit plus de 2.100 euros. Si son salaire, les APL et les allocations familiales n'atteignent pas ce montant, le "minimum social garanti" le complète.
Le dispositif s'adresse donc à tous les gens qui vivent sous le seuil de pauvreté, pas uniquement aux bénéficiaires des minimas sociaux. Malheureusement en France, cela concerne plus de 8 millions de personnes.

En contrepartie, les ménages doivent accepter un accompagnement social?

Les personnes s'engagent à venir chaque mois au CCAS ou à la Maison de l'initiative, qui est une deuxième structure chez nous, pour faire un examen de leur situation. Si elle évolue, on arrête les versements. Il y a aussi un accompagnement social. Quand ces personnes sortent la tête de l'eau, il est possible de mettre en place des procédures d'accompagnement vers de la formation professionnelle ou autres. Ce qui n'est pas leur priorité lorsqu'elles sont dans un état d'urgence sociale.

Comment cette allocation est-elle financée?

Auparavant, la Ville finançait des dispositifs de secours via le CCAS : aide alimentaire, aide à l'énergie… Il n'y en a plus besoin à partir du moment où quelque chose s'inscrit sur le moyen et long terme. Cette somme, soit 800.000 euros, continue à être versée dans une enveloppe dédiée au "minimum social garanti". Nous y avons également adjoint, dans un premier temps, une somme de 476.000 euros provenant d'économies d'énergie réalisées sur l'éclairage public l'année dernière : suppression de points lumineux inutiles, remplacement des ampoules par des led, graduation de l'intensité lumineuse… Cette année, nous estimons que la dépense sera de 1,4 million d'euros, puis d'environ 2 millions d'euros en année pleine.

Lancez-vous un appel aux maires de France?

Je n'ai pas à lancer un appel, mais je montre que c'est possible. Chaque commune est libre de ses choix. Beaucoup de maires nous ont appelés pour se renseigner sur le dispositif et certains m'ont dit vouloir l'intégrer dans leur prochain programme électoral en vue des municipales de mars 2020. Cela dit, encore une fois, cette initiative supplée aux carences de l'Etat, à qui il revient normalement d'assurer que personne ne soit pauvre. Surtout quand on voit la richesse de notre pays où les riches sont de plus en plus riches. Il y a un réel problème de redistribution. C'est un manque de volonté et de courage politique : on maintient des gens dans une précarité, ils sont serviables et corvéables à merci… La lutte contre la pauvreté fait partie des 17 objectifs du développement durable des Nations-Unies. Encore une fois, on signe des accords qu'on ne respecte pas alors qu'on a les moyens de le faire.

L'article du JDD





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