Cet article est la suite du constat des déchets au niveau du GPSO : Voyage au coeur de nos poubelles, à lire ici.
Retours d’expériences
Comment nous situons-nous par rapport à d’autres collectivités ? Quel objectif pouvons-nous viser de manière réaliste ?
Près d’une centaine de collectivités françaises parviennent à produire moins de 150 kg/hab/an d’OMR, dont des agglomérations de plus de 100 000 habitants (Grand Besançon, Angers Loire Métropole, Grenoble, Rennes Métropole) ! Pour y arriver, une grande majorité de ces collectivités locales a mis en place des systèmes de tarification incitative , souvent couplés à des dispositifs de gestion séparée des biodéchets.
Il est à noter que la réduction des OMR produites permet une réduction des coûts pour la collectivité. L’ADEME a ainsi mis en avant que les collectivités produisant moins de 135 kg d’ordures ménagères résiduelles par habitant et par an sont aussi celles qui présentent le coût aidé par habitant le plus faible.
Le développement de l’économie circulaire permettrait en outre la création et le renforcement de
nombreux emplois locaux non délocalisables, et de services de proximité (réemploi, réparation…).
L’observatoire régional des déchets d’Ile-de-France a ainsi établi que le traitement de 10 000 tonnes de déchets triés et orientés vers le recyclage nécessite 31 équivalents temps plein, là où l’incinération en requiert seulement 3. Les activités de réemploi et de réparation font bondir ce ratio à plusieurs centaines d’emplois.
Zoom sur la tarification incitative
Payer moins lorsqu’on produit moins de déchets ; c’est ce que font déjà les 126 territoires français qui appliquent la tarification incitative ! En 1 an, les OMR ont diminué de 91 kg/hab/an en moyenne (soit une baisse de 20 à 70% par rapport au ratio initial), et une tendance de diminution des quantités totales de déchets a également été observée, de 49 kg/hab/an.
L'agglomération de Besançon a ainsi mis en place la tarification incitative en 2012. Les résidences individuelles disposent d'un bac pucé qui est pesé à chaque collecte. Pour les immeubles, les bacs sont collectifs et la facture finale est divisée entre tous les appartements. De nouveaux services ont été développés en parallèle : installation de chalets de compostage, campagnes de sensibilisation dans les immeubles, promotion des couches lavables… Un an après sa mise en place, les déchets résiduels avaient diminué de 26% en moyenne.
Pour en savoir plus sur la manière dont la tarification incitative peut être mise en place, notamment en milieu urbain dense : https://www.ademe.fr/habitat-collectif-tarification-incitative-pourquoi-comment
Zoom sur la collecte séparée des biodéchets
La collecte séparée des biodéchets est possible à l'échelle d'une ville ou d’une agglomération entière, y compris en habitat collectif : c'est le cas par exemple dans l'agglomération de Lorient (25 communes concernées, 204 000 habitants en habitat individuel et collectif), et dans le centre-ville de grandes métropoles comme Milan, San Francisco ou Seattle. Cette méthode a également été récemment expérimentée dans certains arrondissements parisiens.
Source : guide 2019 « Territoires Zero Waste » de l’association Zero Waste France
Un peu d’ambition
Comment réduire efficacement nos déchets ? Quelles actions préventives le GPSO et la Mairie pourraient mettre en place ?
- Mettre en place la tarification incitative (réduction de la TEOM pour celles et ceux produisant moins de déchets), en impliquant la population dans l'élaboration de la grille tarifaire, en prenant en compte les spécificités des différentes catégories d'usagers, en développant des solutions pour trier ou réduire ses déchets, en renforçant l'équipe de police verte dédiée au contrôle des dépôts sauvages durant les premiers mois, en prévoyant un retour d'information aux habitants fréquent et précis (par exemple un espace en ligne pour suivre au quotidien la production de déchets et la facture correspondante)
- Élaborer un véritable plan de gestion des déchets organiques :
- étendre à Boulogne-Billancourt le test de la collecte des déchets alimentaires débuté en novembre 2018 sur Ville-d’Avray et Marnes-la-Coquette, dans une dizaine d’écoles et 3 marchés alimentaires, et profiter de l’offre du Syctom permettant à ses collectivités adhérentes d’expérimenter cette collecte jusqu'en mars 2021 (en prenant en charge l'étude de faisabilité, les outils de communication, la sensibilisation via des éco-animateurs, .la formation des écoles et commerçants, la fourniture de bacs à un tarif préférentiel, la collecte et le traitement à un tarif préférentiel)
- développer les points de compostage collectif dans les cours et les jardins publics, ainsi que dans les résidences (en 2019, il n’y avait que 1 708 composteurs et 1 428 lombricomposteurs distribués, 9 composteurs de quartier -dont 1 seul à Boulogne-Billancourt- et 246 composteurs en pied d’immeuble mis en place, pour un territoire total de plus de 320 000 habitants)
- promouvoir la gestion séparée des biodéchets chez les commerçants et restaurateurs, en lien avec les structures existantes sur le territoire
- appliquer le tri à la source des biodéchets dans les bâtiments administratifs
- Supprimer l’usage du plastique unique et des emballages jetables dans les bâtiments publics et dans le cadre des occupations du domaine public (avec l’adoption d'une charte conditionnant l'attribution de subventions ou l'autorisation d'occupation du domaine public à l’utilisation de vaisselle réutilisable, à l’interdiction de flyers, à l’interdiction de gobelets jetables en terrasse…), soutenir les possibilités de réintroduction des systèmes de consigne et de mise en place de contenants consignés réutilisables standardisés pour les établissements de vente à emporter
- Implanter une ressourcerie – recyclerie, et un atelier de réparation et de mutualisation d’outils
- Aider à l’implantation et parrainer des entreprises visant la vente en vrac et l'économie circulaire et les initiatives entrepreneuriales visant à préserver les ressources et à réduire les déchets
- S'attaquer au gaspillage alimentaire :
- dans les cantines des établissements publics comme les écoles : réalisation de pesées pour quantifier le gaspillage, temps d'activité périscolaire dédiés au thème de l'alimentation et du gaspillage alimentaire, installation de composteurs dans chaque école, mise en place de frigos en libre accès pour distribuer les restes des repas non consommés à la cantine
- développer des solutions pour redistribuer les invendus alimentaires des commerçants, en lien avec les associations et les structures existantes
- mise en place d’un conseil local ayant pour vocation de rendre les politiques et pratiques alimentaires plus durables et d’identifier les pistes d'action visant tous types d'activités (marchés, hôpitaux, commerçants, organisateurs d'évènements…)
- Renforcer le tri à la source par l’installation de points de collecte sur l’espace public et une meilleure information
- Lors des commandes publiques de fournitures, services et travaux : raisonner avec la notion de coût du cycle de vie, mettre en place des critères environnementaux pesant dans la notation finale des candidats, tenir compte des impacts sur les ressources naturelles et des flux de déchets pouvant être générés par les achats, réaliser un audit annuel des achats publics et de leur impact “ressources”
- Promouvoir les textiles sanitaires réutilisables : aider les parents qui le souhaitent à utiliser des couches lavables avec un kit d'essai aux familles volontaires, sensibiliser et faire évoluer les pratiques au sein des structures d'accueil collectif, promouvoir et développer l'implantation de services de location-lavage de couches destinés aux structures de la petite enfance et aux particuliers, informer sur les protections hygiéniques menstruelles alternatives au jetable
- Développer plus massivement des actions de sensibilisation et de formation à la réduction des déchets : défis famille zéro déchet, ateliers dans les écoles sur la réduction et le tri des déchets, cours de couture, cuisine, bricolage à l’école, sensibilisation à l'impact du déchet sur notre environnement etc.
1. Taxe d’enlèvement des ordures ménagères